Wegener avait exécuté sa reconstitution de la Pangée en utilisant les lignes des rivages actuels autour de l'Atlantique. Mais la concordance s'avérait par endroits plutôt boîteuse. Il n'avait pas compris qu'il fallait faire la reconstitution avec les marges des masses continentales, puisque ces marges correspondent aux lignes de fragmentation du mégacontinent Pangée. Aujourd'hui, on sait que le relief des océans est en grande partie contrôlé par la nature de la croûte terrestre: croûte continentale épaisse et croûte océanique plus mince.
Au début des années 60, Edward Bullard, J. Everett et A. Smith, tous de Cambridge, ont démontré qu'on obtenait un emboîtement beaucoup plus cohérent si on faisait le rapprochement des masses continentales actuelles en utilisant le contact entre croûte continentale et croûte océanique plutôt qu'avec les lignes de rivages. La reconstitution a été réalisée en utilisant l'isobathe (courbe d'égale profondeur) de 500 brasses (915 mètres; au quart du talus continental plutôt qu'à sa base pour tenir compte de l'étirement de la croûte continentale lors de l'ouverture de l'Atlantique). La figure qui suit présente la reconstitution de la Pangée par Bullard et ses collègues. Les zones en bleu clair représentent la surface des continents se situant entre la ligne de rivage (profondeur 0) et la profondeur de 500 brasses; en noir, les régions où il y a recouvrement des masses continentales et, en blanc, les prismes sédimentaires importants.