Le bassin de drainage du fleuve Mississippi est immense. Il couvre tout le centre du continent nord-américain au sud des Grands Lacs entre, à l'ouest, la chaîne des Rocheuses et, à l'est, la chaîne des Appalaches.
Tout le matériel érodé et transporté dans ce bassin s'accumule en un seul point, le delta du Mississippi dans le golfe du Mexique. Il s'est accumulé, sur ce delta, des masses énormes de sédiments qui ont construit une vaste plaine qui fait plus de 400 km de largeur (d'est en ouest) sur quelques 200 km de profondeur (du nord au sud). On estime que cette plaine forme 40% de la surface de tous les marais salants des États-Unis, un écosystème particulier et important, par exemple, pour la nidification de plusieurs espèces d'oiseaux. En fait, ce delta a une histoire complexe: il ne s'est pas formé en un seul lobe comme le modèle simple présenté à la rubrique "l'appareil deltaïque". Il s'est construit selon une succession de lobes dont la position a suivi les changements de cours du fleuve Mississippi.
Le lobe actuellement actif, c'est-à-dire là où se font les dépôts présentement, se trouve au sud-est de la ville de la Nouvelle-Orléans. On l'appelle le "bird-foot" en raison de sa forme en patte d'oiseau. Mais le premier lobe s'est formé beaucoup plus à l'ouest. Le second lobe s'est formé à l'est du premier, et ainsi de suite pour les autres lobes. On a donc obtenu une structure complexe dans laquelle les lobes se superposent et s'entrecoupent. Si on connaît bien cette histoire, c'est pour des raisons économiques : le delta contient plusieurs champs de pétrole et les géologues avaient besoin de bien connaître l'histoire de sa construction pour définir leurs stratégies d'exploration.
Plus de la moitié de la ville de Nouvelle-Orléans se situe à quelques mètres sous le niveau de la mer, le tout contrôlé par un réseau de digues. On connaît ce qu'il advint de ce réseau de digues lors du terrible ouragan Katrina en août 2005. Il a surtout servi de contenant pour garder sur place les eaux qui avaient inondé la ville.