Comment reconstruire la paléogéographie?



Voici la carte paléogéographique planétaire du début du Silurien (il y a 440 Ma).


On y voit un certain nombre de masses continentales, de dimensions différentes : une masse de taille moyenne, le continent que les géologues ont appelé Laurentia (1) et qui correspond à une partie du continent nord-américain actuel, dans une position équatoriale; une très grande masse continentale, le continent Gondwana (2), comprenant, entre autre, ce qui constitue aujourd'hui de grande partie de l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Australie, l'Antarctique et le sud de l'Europe; puis d'autres masses plus petites comme les continents Siberia (3) et Baltica (4).

Comment a-t-on pu construire cette carte du début du Silurien?

D'abord, en étudiant soigneusement à travers le monde les couches bien datées du début du Silurien et en déterminant ce que chaque localité étudiée représente comme milieu de formation (désert, littoral marin, plateau continental, plaine abyssale, fond océanique, etc.).

Ensuite, en replaçant chaque localité géographiquement par rapport au pôle magnétique de l'époque, grâce aux études paléomagnétique.

En effet, nous avons vu dans la première section de ce cours, quelques notions de base en magnétisme terrestre et paléomagnétisme

On se souviendra que les roches qui contiennent des minéraux ferrugineux enregistrent le magnétisme terrestre au moment de leur cristallisation. Elles enregistrent le sens de la polarité, ce qui a permis de construire une échelle magnétostratigtraphique. Mais elles n'enregistrent pas que le sens de la polarité, elles gardent aussi la mémoire de l'orientation par rapport au pôle magnétique, de la même façon que l'aiguille d'une boussole s'oriente vers le pôle magnétique où que l'on se trouve sur terre. On peut donc, en déterminant l'orientation du paléomagnétisme de plusieurs échantillons d'un territoire donné et dont l'âge est bien établi (il y a des méthodes pour faire cette détermination des orientations), replacer ce territoire par rapport au pôle magnétique à un temps donné. C'est ainsi qu'on réussit à construire des cartes de la position des masses continentales à diverses époques géologiques. Évidemment, ces masses ne correspondent pas à nos continents actuels. On a ajouté sur cette carte le contour de nos continents comme points de repères.

Pour le moment, la reconstruction est difficile en ce qui concerne le Précambrien, mais on est arrivé à des résultats étonnants pour le Paléozoïque, le Mésozoïque et le Cénozoïque.