À partir du moment où Charles Darwin a formulé sa théorie sur l'évolution des atolls, les géologues et biologistes se sont mis à l'étude des récifs actuels et anciens avec essentiellement des préoccupations d'ordre scientifique. Avec la découverte de grandes réserves de pétrole dans les récifs siluriens et dévoniens de la région des Grands Lacs (USA) et de l'Ouest canadien après la Seconde Guerre mondiale, s'est ajouté un volet économique important à ces études.
On a vu que les hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) ne se retrouvent pas, comme le veut souvent la croyance populaire, dans une sorte de grand lac souterrain, mais qu'ils se trouvent emmagasinés dans les pores de la roche, tout comme les eaux souterraines se retrouvent dans les pores des sables et du roc (section 3 - Ressources naturelles - Les combustibles fossiles). Mais contrairement à l'eau potable qui se situe dans les premières dizaines de mètres du sous-sol, les hydrocarbures se trouvent à des profondeurs allant de plusieurs centaines à quelques milliers de mètres.
C'est à ces profondeurs qu'ils se forment, à partir des matières organiques (roche-mère), qu'ils migrent le long des couches ou des failles et qu'ils se concentrent et sont emmagasinés dans des roches dont la qualité première est d'être poreuses, une sorte de roche-éponge (roche réservoir). La roche récifale est un excellent candidat en ce domaine.
En effet, la construction récifale produit une roche calcaire qui à l'origine est très poreuse. La charpente elle-même laisse des vides, et les sédiments associés sont le plus souvent des sables poreux. La porosité d'une roche, c'est-à-dire la quantité de vides par rapport au volume total de roche, s'exprime en pourcentage. La porosité primaire d'un récif peut atteindre les 50-60%. Même si les vides se colmatent progressivement à mesure de l'enfouissement du récif sous l'accumulation continuelle des sédiments, on peut encore compter sur des porosités de l'ordre de 15 à 20% à des profondeurs de quelques milliers de mètres, ce qui est suffisant pour assurer une accumulation d'hydrocarbures économiquement exploitable. De plus, le calcaire est une roche chimiquement très réactive avec les fluides de la croûte terrestre, et il est fréquent qu'il soit dissout, augmentant ainsi sa porosité.
Voilà pourquoi les pétroliers s'intéressent tant aux récifs et, en particulier, à ceux de la Gaspésie. Il y a présentement un regain de l'exploration pétrolière dans le nord-est de la Gaspésie. Ce regain est dû en grande partie à des découvertes récentes dans l'ouest de Terreneuve; il est aussi rendu possible grâce aux travaux de recherches d'une équipe du département de géologie et de génie géologique de l'Université Laval qui a mis en évidence cette grande barrière récifale siluriennne du Québec dont les récifs pourraient contenir du pétrole.