La séquestration du carbone:
une troisième voie pour le Protocole de Kyoto

Réservoir: la biomasse

Le carbone des sources indirectes et diffuses, comme les véhicules, peut être séquestré dans les sols et la végétation terrestre. La biomasse terrestre est un réservoir important (~2000 Gt « gigatonne ou 109 t » C), mais éphémère de carbone, car une partie de la matière organique morte est oxydée en CO2. Ainsi, on estime que la photosynthèse et la respiration des végétaux s’accompagnent d’un gain annuel de 1,9 Gt C qui est en partie contrebalancé par la perte de végétation (dévégétation) ce qui donne un gain annuel net de carbone dans la biomasse terrestre de l’ordre de 0,2 Gt C (Figure 1). La quantité de carbone qui peut être séquestrée est donc essentiellement limitée à l’augmentation de la biomasse. La séquestration du carbone peut être favorisée par un accroissement de la fixation du carbone photosynthétique et la réduction de la décomposition de la matière organique. Cette méthode de séquestration est une alternative peu coûteuse et facile à implanter. Par contre, on sait aussi que la pollution atmosphérique, sous forme de pluies acides ou de SO2, par exemple, ralentit la croissance de la biomasse et donc sa capacité à capter le CO2.

Le développement d’une méthode de séquestration rapide du CO2 dans la biosphère pourrait permettre d’abaisser significativement le CO2 atmosphérique au cours des 50 prochaines années en attendant la venue d’une technologie plus avancée et plus permanente. Il y a deux approches fondamentales pour favoriser la séquestration du carbone dans la biomasse terrestre : 1) protéger les écosystèmes qui emmagasinent le carbone de façon à maintenir ou augmenter leur capacité; et 2) manipuler les écosystèmes de façon à augmenter leur capacité à séquestrer le carbone au-delà des conditions actuelles.

Les sols contiennent actuellement environ 75% du carbone de la biomasse terrestre. Les sols dans lesquels des niveaux élevés de carbone sont présents en tant que matière organique ont une meilleure absorption de nutriments, rétention d’eau, texture, et résistance à l’érosion. La prévention de l’érosion des sols peut aussi participer à la séquestration du CO2. Chaque année, 25 Gt de sols sont érodés. Si on considère que ces sols contiennent 4% de matière organique, alors l’érosion cause l’oxydation de 1 Gt C par année qui est émis dans l’atmosphère sous forme de CO2. Le contrôle des taux d’érosion pourrait cependant perturber les flux de phosphore et de nitrate dans les systèmes aquatiques et ainsi causer des impacts écologiques.

Il y a des vertus additionnelles à favoriser la séquestration du CO2 dans la biomasse terrestre, car l’augmentation de la capacité de ce réservoir passe par une reforestation des terres abandonnées, la reconstitution de marais, etc, dont les impacts sont majoritairement positifs pour la biodiversité et l’environnement.

Les réservoirs pour la séquestration du carbone


Département de géologie et génie géologique
Faculté des sciences et de génie - Université Laval

Dernière mise à jour : 24 mars 2004


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