La séquestration du carbone:
une troisième voie pour le Protocole de Kyoto

Réservoir: les océans

Les océans représentent un grand réservoir de carbone (Figure 1, ~40 000 Gt C). Chaque année, les océans piègent un tiers des émissions anthropogéniques de CO2, soit environ 1,9 Gt C. Le CO2 inorganique dissout dans l'océan se retrouve sous trois formes : CO2 dissout (1%), ion bicarbonate (HCO3- : 91%) et ion carbonate (CO32- : 8%). La capacité totale d’emmagasinement du CO2 dans les océans est fonction de la solubilité du CO2, de la capacité du tampon chimique de l’eau de mer et de la fixation photosynthétique du CO2 par la biomasse marine. La partie superficielle de l’océan est en équilibre avec l’atmosphère et l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère s’accompagne d’une augmentation de la concentration de CO2 dans la couche superficielle de l’océan. Les eaux de surface chargées de carbone anthropogénique descendent dans les abysses principalement dans l’Atlantique nord et l’océan austral. De plus, les changements climatiques ont un impact majeur sur l’habilité des océans à piéger le CO2, en particulier dans l’océan Atlantique. Si la température de l’eau de mer superficielle augmente, la diminution de densité qui en résulte ralentit l’enfoncement des eaux de surface dans les régions polaires, et par conséquent diminue l’habilité de l’océan à emmagasiner le CO2. À l’inverse, la circulation océanique réduite diminue le brassage océanique et donc l’émission vers l’atmosphère du carbone emmagasiné dans les profondeurs océaniques.

Les océans ont la capacité d’emmagasiner toutes les émissions de CO2 qui seraient produites par la combustion de toutes les réserves connues de combustibles fossiles. Trois méthodes de séquestration du carbone ont été proposées : 1) injection de CO2 dans les océans profond (> 3000 m), où il y aurait formation d’hydrates carboniques solides (de la « glace »), stables à ces conditions de température et de pression; 2) injection de CO2 dans la colonne d’eau, formant une « bulle » de CO2 qui se dissout dans la masse d’eau; 3) la fertilisation des océans avec du fer pour stimuler la croissance du phytoplancton, qui va sédimenter vers les fonds océaniques après son cycle de vie. Des tests récents de fertilisation des océans n’ont pas donné les résultats attendus. L’expérience qui s’est déroulée au sud de la Nouvelle-Zélande consistait à ajouter une solution de sulfate de fer à la surface des océans afin de stimuler la croissance du phytoplancton. Les résultats de l’expérience montrent que 1 t de fer a permis de piéger 1000 t de CO2 contrairement au 100 000 t prévues. De plus, le phytoplancton produit d’autres gaz, comme le méthyle de brome et l’isoprène qui sont, respectivement, dommageable pour la couche d’ozone et un gaz à effet de serre.

De petits changements dans les cycles biochimiques peuvent avoir des conséquences difficiles à prévoir. L’ajout de CO2 cause une acidification des eaux, qui est toxique pour la vie marine et qui causera certainement des dommages irrémédiables aux plates-formes calcaires et aux récifs coralliens.

Une autre approche consiste à reproduire le processus naturel de la dissolution des roches carbonatées par les eaux de pluie sur les continents. Ce processus constitue une rétroaction naturelle à l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère. Le principe s'appuie sur la réaction suivante:

Cette réation offre l'avantage d'un impact minimal sur la composition chimique des océans.

Les réservoirs pour la séquestration du carbone


Département de géologie et génie géologique
Faculté des sciences et de génie - Université Laval

Dernière mise à jour : 24 mars 2004


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