La centrale énergétique géothermique à Nesjavellir est située dans une zone extensive de failles à proximité du volcan Hengill, à quelque vingt-sept kilomètres au nord-est de la capitale Reykjavik. Appartenant à Reykjavik Energy, cette centrale produit 120 MW en électricité et plus de 270 MW d'énergie thermique sous forme d'eau chaude, produite à partir de la chaleur émise par le sol.
De par sa situation géologique particulière et son volcanisme actif, le sol islandais représente une source d'énergie exploitable intéressante. En effet, les intrusions de magma chaud dans la croûte à de faibles profondeurs provoquent une diffusion de chaleur dans la roche encaissante. L'eau ruisselante qui s'y infiltre peut alors emmagasiner cette chaleur par échange thermique au contact de la roche chaude. L'eau, qui voit ainsi sa température et sa pression augmenter, agit alors comme médium de transfert d'énergie.
Par des forages dans les zones de volcanisme récent, où la chaleur résiduelle est plus importante et la profondeur plus faible, la centrale peut récupérer l'eau souterraine au rythme de 500 kg/s. Cette eau se présente sous deux phases, gazeuse et liquide, qui sont traitées de deux manières différentes. La vapeur d'eau, à une pression de 12 bars, est acheminée aux turbines où son énergie est utilisée pour produire de l'électricité, servant principalement aux alumineries environnantes. Ensuite, cette vapeur est envoyée dans des condensateurs pour servir à réchauffer de l'eau froide de 5 °C à 55 °C. Quant à la phase liquide extraite du sol, elle sert à terminer le réchauffage en amenant l'eau extérieure de 55 °C à 85 °C. L'eau chaude résultante est amenée à ébullition afin de réduire sa concentration en oxygène. Du H2S est aussi ajouté à cette étape, le tout afin de limiter la corrosion dans les tuyaux. L'eau chaude est maintenant prête à être acheminée à la capitale par le système de conduits en moins de 24 heures.
La production d'électricité génère plus d'eau chaude que la grande région de Reykjavik n'est capable d'en consommer et la balance est donc renvoyée dans la nature. Les gaz résiduels quant à eux sont relâchés dans l'atmosphère, ce qui représente 45 tonnes de CO2 par année. La centrale travaille activement à trouver une solution pour réintroduire le H2S dans le sol, à cause de la forte odeur dégagée dans les alentours.
La géothermie est une énergie renouvelable peu polluante et peu coûteuse qui est mise à profit dans tout le pays. Il semble que les Islandais ont su tirer profit de cette grande source d'énergie potentiellement dévastatrice qui se trouve sous leurs pieds.